Skip to content

Notes de l’Observatoire

L’Observatoire publie une collection de Notes synthétisant des analyses sur les thèmes du bien-être. Les notes sont de trois types:

  1. Chaque trimestre, une note analyse les résultats du module bien-être de l’enquête CAMME (Conjoncture auprès des ménages) de l’INSEE, module financé par le CEPREMAP
  2. Des notes ponctuelles traitent de manière transversale d’une problématique liée au bien-être, exploitant tant les données trimestrielles que les autres sources de données disponibles
  3. Des notes ponctuelles rendent compte dans un format court et synthétiques d’articles de recherche

Les Notes de l’Observatoire du Bien-être portent l’ISSN 2646-2834.

Notes

Un an après la dissolution, quelles reconfigurations ?

Un an après la dissolution, quelles reconfigurations ?

Cette note offre un éclairage sur les récents congrès du PS et de LR en étudiant le bouleversement de la vie politique française depuis les élections européennes et législatives de juin et juillet 2024, un an après la dissolution. Quel est le dénominateur commun des électeurs du PS avec ceux de LFI et EELV au sein du bloc de gauche, et avec ceux de Renaissance ? De même quels sont les aimants et les repoussoirs au sein du bloc de droite entre les électeurs du centre droit, de LR et du RN ? Comment cela explique-t-il les choix des candidats aux récents congrès du PS et de LR ? Quel est l’espace politique de ces deux partis traditionnels dans la perspective des présidentielles ? Et l’Assemblée est-elle encore gouvernable d’ici les élections présidentielles compte-tenu de la stratégie du PS et de LR ? Pour répondre à ces questions, nous étudions, derrière les alliances électorales de partis, les valeurs économiques et culturelles des électeurs issues élections européennes et législatives lors de la grande enquête électorale Jean-Jaurès, Cevipof, Ipsos, Montaigne. Notre conclusion est claire : les électeurs du PS sont en termes de valeurs économiques et culturelles, et de priorités de politiques publiques, beaucoup plus proches de LFI et de EELV que de Renaissance. La distinction forte et d’importance concerne le rapport à l’Union Européenne et à la démocratie. Cela peut expliquer la décision d’une absence de motion de censure contre le gouvernement Bayrou par le PS en janvier 2025, et la ligne de rupture avec LFI épousée par les trois candidats au congrès du PS. Mais la victoire d’Olivier Faure illustre une position extrêmement fragile de la direction du PS pour satisfaire un électorat bien plus proche de LFI sur les valeurs économiques et culturelles. De même, nous montrons l’équilibre très fragile de la stratégie du LR : les électeurs de la droite républicaine canal historique ou de Ciotti ont des valeurs culturelles plus proches de celles des électeurs du RN que ceux de Renaissance. La focalisation sur les thématiques sécuritaires de la part des deux candidats Laurent Wauquiez et Bruno Retailleau, et la victoire de ces derniers, reflètent bien la polarisation de l’électorat du LR sur cette thématique. Mais cet électorat reste faible, le RN pouvant capitaliser à la fois sur la progression des préférences sécuritaires mais aussi sociales de l’électorat en France. À cette aune, comment vont évoluer les équilibres dans les prochains mois : retour à la bipolarisation mais plus radicalisée et la disparition du centre, l’ancrage entre 3 blocs avec un PS au sein du NFP, un LR plus proche du RN, et un centre qui se vide progressivement, ou l’éclatement en 4 blocs ?

Du bruit aux symphonies, état des lieux de la recherche sur l’effet du son sur le bien-être

Du bruit aux symphonies, état des lieux de la recherche sur l'effet du son sur le bien-être

Parce que nous sommes exposés en continu à une multitude de paysages sonores, l’effet du son sur le bien-être en général est difficile à identifier. Les recherches sont d’abord intéressées à l’impact de sources de bruit nettement identifiées et délimitées, comme les nuisances sonores aéroportuaires, révélant leur impact négatif, mais aussi l’importance de considérer l’exposition ressentie plutôt que l’exposition absolue à un niveau sonore donné. Ces recherches montrent ainsi que l’effet des sons est largement liée à leur contexte, tant objectif que subjectif. Pour autant, l’effet négatif du niveau sonore général dans les environnements de travail – de l’école au bureau – est de mieux en mieux documenté, alors que les aménagements restent rares. D’un autre côté, la recherche met également en évidence les vertus d’un environnement sonore reposant – ce qui ne signifie pas silencieux : chants d’oiseaux ou son d’une fontaine peuvent constituer les éléments d’un environnement restauratif, quitte à couvrir d’autres bruits ambiants. La musique, quant à elle, montre de fortes vertus quand elle est pratiquée collectivement par des personnes avançant en âge – le bénéfice pour les enfants semblant être d’abord dans le fait de pratiquer une activité organisée. Ce tour d’horizon de la recherche montre que les métriques de bien-être constituent un instrument-clef pour mettre en évidence l’effet, souvent diffus mais significatif du paysage sonore. Par conséquent, beaucoup reste à faire, les mesures de bien-être subjectif restant trop rarement collectées en parallèle des cartographies du paysage sonore.

La Fièvre parlementaire : ce monde où l’on catche ! Colère, polarisation et politique TikTok à l’Assemblée nationale

La Fièvre parlementaire : ce monde où l’on catche ! Colère, polarisation et politique TikTok à l’Assemblée nationale

Cette note met en lumière la métamorphose de l’Assemblée nationale française en une véritable scène de spectacle où dominent la colère, la polarisation et les codes des réseaux sociaux, à partir d’une analyse des deux millions de discours prononcés entre 2007 et 2024. La rhétorique émotionnelle, en particulier celle de la colère, s’est imposée depuis 2017, et de façon encore plus marquée à partir de 2022, tandis que le débat rationnel recule. Les interventions s’appauvrissent et se raccourcissent grandement ; les débats argumentés entre adversaires se sont transformés en attaques et interruptions systématiques entre ennemis. Cette fièvre est surtout portée par La France Insoumise et le Rassemblement National, bien que leurs trajectoires divergent, le RN adoptant progressivement une stratégie de normalisation. Nous révélons le caractère totalement inédit de « ce monde où l’on catche ». Si le parlement a toujours eu un aspect théâtral, le public visé a changé : désormais, les députés s’expriment bien davantage pour leurs followers que pour les autres députés, avec tous les effets pervers des réseaux sociaux sur la polarisation des débats et la violence politique. Ce phénomène reflète une désinstitutionalisation profonde de l’Assemblée et interroge le caractère encore gouvernable de notre pays, y compris avec des réformes institutionnelles (par exemple la proportionnelle), tant que la fièvre des passions et les codes des réseaux sociaux écraseront toute culture du débat et du compromis.

Plus qu’un travail

Plus qu'un travail

Dans la société française, le travail peut apporter plus qu’un salaire : à certaines professions sont associés un statut, une considération sociale, tandis que d’autres sont stigmatisées. Au-delà de la relation purement marchande liant travail et salaire, nous observons ainsi des décalages systématiques entre le salaire d’une part et la satisfaction dans la vie ou la satisfaction au travail d’autre part. Ainsi, les cadres du secteur public et les enseignants déclarent des niveaux de satisfactions plus élevés que les cadres du privé, malgré des revenus nettement inférieurs. Les professions intermédiaires sont très homogènes en termes de salaire, mais leur satisfaction couvre large éventail. Parmi les employés, la satisfaction dans la vie suit assez bien le niveau de salaire, mais recouvre des différences marquées dans la satisfaction au travail. Le monde ouvrier se caractérise par de forts clivages, avec une insatisfaction importante des ouvriers non qualifiés et des ouvriers qualifiés de l’industrie. Parmi les indépendants, les artisans se caractérisent par une faible satisfaction dans la vie, mais une forte satisfaction au travail au regard de leur niveau de revenu. Lorsqu’on neutralise tant le revenu que les autres éléments connus pour affecter la satisfaction – sexe, diplôme, nombre d’heures travaillées, âge, etc., ces différences restent substantiellement les mêmes, ce qui suggère que ces écarts sont liés aux conditions d’exercice des professions non compensées par le salaire, et aussi par la considération sociale dont chaque métier bénéficie. Il est possible sur cette base de construire un équivalent monétaire du surplus ou du défaut de satisfaction attaché à chaque profession. Selon cette métrique, le supplément de satisfaction des cadres de la fonction publique équivaut à 50 % de leurs revenus. Ces constats contrastent évidemment la crise de recrutement que traversent de nombreux métiers de la fonction publique. Il est possible que la crise du Covid-19 ait accéléré une évolution des représentations des conditions d’exercice de certains métiers, dans le secteur public en particulier, conduisant à une réduction du surplus de satisfaction attaché à leur exercice.

Les Français ont-ils peur de l’avenir ?

Les Français ont-ils peur de l'avenir ?

Un élément marquant et constant de notre enquête trimestrielle sur le bien-être subjectif est le degré de pessimisme des Français. Leur évaluation de ce qu’ils vont vivre dans les années à venir est assez systématiquement plus négative que celle de leur situation actuelle, et leur appréciation des perspectives de la prochaine génération sont franchement sombres. Dans ce contraste se joue un effet d’horizon : si les évaluations sur les prochaines années enregistrent un simple décalage vers le négatif, le saut à l’horizon d’une génération a pour conséquence de faire apparaître une part significative des réponses – 10 % – qui pensent que la situation sera bien pire qu’aujourd’hui. Nous observons un clivage générationnel dans cette vision de l’avenir : les jeunes sont plus optimistes que leurs aînés quant à leurs perspectives inividuelles. Ce clivage disparaît toutefois sur les perspectives collective de long terme, toutes les tranches d’âge étant également pessimistes. À cette échelle, c’est plutôt le niveau de diplôme qui est discriminant, les diplômés d’un bac+2 et au-delà étant un peu plus optimistes. Inversement, les très pessimistes sont plus nombreux parmi les ménages modestes et peu diplômés, et l’âge n’est pas non plus ici un facteur. Enfin, s’ils avaient le choix, beaucoup de Français préféreraient vivre dans un passé récent. Pour partie, cette appétence reflète une histoire personnelle : beaucoup choisissent la décennie de leur 20 ans. D’autres sélectionnent une période – souvent les années 1980 – antérieure à leur naissance, traduisant la présence d’une image sociale positive de cette décennie.

Plus écologiques et plus heureux –  la transition environnementale inégale des Français

Plus écologiques et plus heureux – la transition environnementale inégale des Français

En 2021, le changement climatique était considéré par l’ensemble des Européens comme le problème le plus inquiétant auquel le monde ait à faire face, au même titre que la propagation des maladies infectieuses. Bien que bouleversés par la pandémie mondiale du COVID-19, les habitants des pays de l’Union Européenne sont restés conscients des conséquences néfastes du réchauffement climatique. La menace que ce dernier représente pour notre bien-être se traduit notamment par la multiplication des catastrophes naturelles, et donc des risques pour les systèmes naturels et humains. La réduction à grande échelles des émissions de gaz à effet de serre (GES), la modification des modes de vies et l’adaptation des infrastructures dans les zones à risque sont devenues aujourd’hui des mesures vitales. Il s’agit ici tout d’abord de déterminer les différences de perception du changement climatique et des pratiques écologiques entre les pays européens. Certaines régions d’Europe ressentent déjà les effets du réchauffement climatique (incendies, canicules, inondations …) tandis que d’autres sont encore relativement épargnées. Cela explique les avis divergents concernant l’urgence à agir, auxquels s’ajoutent les différences culturelles. Dans un deuxième temps, nous analysons la relation entre ces actions et le bien-être de ceux qui les mettent en œuvre. L’utilisation de transports respectueux de l’environnement ou encore l’achat de produits issus de l’agriculture biologique sont corrélés avec une satisfaction de vie plus élevée. Toutefois, la position sociale et le sexe des individus jouent aussi un grand rôle dans la pratique quotidienne de ces actions pro-environnementales.

À pied, à vélo, en bus ou en voiture : les trajets domicile-travail

À pied, à vélo, en bus ou en voiture : les trajets domicile-travail

Dans les enquêtes d’emploi du temps, l’heure – ou peu s’en faut – que nous passons en moyenne chaque jour à nous rendre ou à revenir de notre travail compte parmi les activités jugées les plus désagréables. De nombreuses études mettent en évidence un impact négatif des trajets entre domicile et travail sur les émotions et le bien-être, effet qui ne s’arrête pas à la porte du lieu de travail ou du domicile, et vient colorer toute notre expérience quotidienne. Si les automobilistes et les usagers des transports en commun sont fortement affectés par les problèmes de congestion, les pratiquants des modes de transport actifs (marche, vélo) sont également touchés dès lors que leur trajet comprend des sections à risque. À l’aune de la satisfaction à l’égard de notre vie dans son ensemble, on peut penser que nous prenons ces inconvénients en compte dans nos décisions professionnelles et de logement. Il semble toutefois que nous sous-estimons souvent le coût subjectif de ces trajets, ce qui crée une perte nette de bien-être collectif. La recherche dans ce domaine reste cependant encore bien incomplète, en particulier sur le croisement entre le bien-être et les contrastes sociaux ou de genre. Elle permet toutefois de dessiner un certain nombre de pistes d’actions publiques qui amélioreraient notre bien-être quotidien, allant d’incitations relativement simples à mettre à place à une intégration forte des motifs de bien-être subjectif dans notre conception de l’urbanisme.

La Mobilité sociale perçue par les Français

La Mobilité sociale perçue par les Français

Les Français se représentent leur société comme très inégalitaire mais, comme la plupart des Européens, s’y voient occuper une place de niveau intermédiaire – même si, aux côtés des Russes, des Italiens et des Japonais, ils sont plus nombreux que les autres à se voir sur les niveaux inférieurs de l’échelle sociale. Mais au-delà de cette position statique, comment perçoivent-ils leur mobilité sociale ? La France fait partie des pays dont les habitants sont les plus nombreux en moyenne à penser avoir progressé par rapport à la position sociale de leurs parents – comme l’Allemagne, la Finlande et Israël par exemple, et à l’opposé de la Russie et du Japon. Pour ce concerne l’évolution future de leur position relative dans la société, la majorité des Français anticipe une certaine stabilité. Ces perceptions dépendent aussi du revenu des individus : jusqu’aux deux quintiles les plus riches, tous anticipent une mobilité intra et inter-générationnelle ascendante. Ceux qui voient la société comme un sapin ou une toupie (peu de pauvres) sont beaucoup plus optimistes quant à leur propre trajectoire. Ceux qui l’imaginent comme une pyramide (inégalitaire) perçoivent une mobilité intergénérationnelle- mais pas intragénérationnelle- ascendante. Enfin, en ce qui concerne le lien avec le positionnement politique, c’est à droite que la mobilité ascendante est perçue comme la plus forte. Au total, les Français se montrent assez optimistes quant à leur trajectoire de mobilité sociale, surtout par rapport à leurs parents, et l’image générale que forme leurs perceptions est celle d’une croyance largement partagée en un mécanisme de convergence vers la moyenne.

Le Bien-être des Français – Mars 2022

Le Bien-être des Français – Mars 2022

Quelques semaines avant le premier tour de l’élection présidentielle, notre baromètre de mars relève un moral des Français en berne. La satisfaction dans la vie continue sa lente érosion, passant en dessous de sa moyenne depuis 2016. Le bien-être émotionnel reste particulièrement affecté, tant dans le fait de se sentir heureux que dans celui de se sentir déprimé. Cette vague est marquée par un renforcement du pessimisme des Français quant à leur avenir personnel. Leur appréciation de ce qu’ils vont vivre dans les années qui viennent avait plutôt bien résisté à la pandémie, contrairement à leur opinion de l’avenir collectif. Depuis neuf mois et particulièrement au dernier trimestre, les perspectives de dégradation de leur situation financière – trois Français sur quatre pensent que leur situation financière va se dégrader dans l’année qui vient – semblent avoir pesé lourdement sur l’image qu’ils se font de leur vie dans les années à venir. Deux dimensions connaissent une amélioration. La satisfaction augmente dans toutes les dimensions liées au travail, et en particulier dans l’appréciation de l’équilibre des temps de vie. Du côté des relations sociales, la deuxième partie de la pandémie a vu un gain dans le sentiment d’avoir autour de soi des gens sur qui compter. Cet écart à la situation d’avant la pandémie, sensible surtout chez les femmes, se confirme ce trimestre. Enfin, nous avons introduit une nouvelle question à notre tableau de bord, demandant aux enquêtés dans quel pays ils voudraient vivre s’ils avaient le choix. Après la France, choisie par un peu moins de la moitié des répondants, ce sont surtout le Canada et l’Europe du Sud qui sont plébiscités.

France heureuse, France malheureuse

France heureuse, France malheureuse

La France est-elle coupée en deux du point de vue du bien-être ? Nos indicateurs donnent une image nettement plus contrastée. Grâce à nos 19 questions, nous montrons que certains aspects du bien-être, comme la satisfaction vis-à-vis du travail, sont plus polarisantes que d’autres, comme la satisfaction dans la vie. Les Français semblent largement segmenter leurs évaluations : une grande insatisfaction dans un domaine ne se propage que peu aux autres domaines, alors que la grande satisfaction s’étend plus souvent à de nombreux domaines. Par exemple, l’insatisfaction quant à son travail n’entraîne pas une insatisfaction à l’égard de sa santé, et même une insatisfaction à l’égard de sa vie en général n’est pas fréquemment associée à une insatisfaction quant aux relations avec ses proches. Il n’y a donc pas un groupe de Français globalement insatisfaits de tout, mais autant de groupes différents qu’il y a de dimensions. Nous n’en constatons pas moins des contrastes marqués. Avec l’âge, l’insatisfaction a tendance à augmenter et la grande satisfaction au baisser sur des dimensions essentielles, comme le sentiment que la vie a du sens, tandis que d’autres, comme la satisfaction dans la vie, connaissent plutôt un creux au moment de la quarantaine. Du côté du genre, les femmes déclarent plus fréquemment que les hommes tant un niveau de satisfaction faible qu’un niveau de satisfaction élevé. Socialement, la part des personnes peu satisfaites de leur vie en général diminue avec le revenu, mais la part de peu satisfaite de l’équilibre de leurs temps de vie augmente. Nous dressons ainsi un premier portrait contrasté de la satisfaction et de l’insatisfaction en France, qui montre moins un pays coupé en deux que traversé de contrastes multiples.

Estime de soi et performances scolaires en primaire : les enseignements du panel DEPP 2011

Estime de soi et performances scolaires en primaire : les enseignements du panel DEPP 2011

L’enquête de panel du service statistique de l’Éducation Nationale permet de suivre plus de 15 000 élèves, entrés au CP en 2011 et interrogés également en CM2 en 2016. On dispose grâce à l’enquête de nombreuses informations sur la situation des élèves (familiale, bien-être, …) et une évaluation de leurs performances scolaires. À l’entrée au CP, les filles sont plus contentes d’elles-mêmes et de leur vie que les garçons en moyenne. Une fois en CM2, cet écart s’inverse, même si les filles semblent plus comblées par leur vie lorsque les questions n’ont plus trait à l’estime de soi. En matière de performance scolaires, les filles sont légèrement plus fortes que les garçons en CP, mais l’écart s’inverse également en CM2 à la faveur des garçons. Cet inversion tient à la composition des évaluations : si les filles restent plus fortes que les garçons en français, l’évaluation de CM2 comprend davantage de compétences en mathématiques. Or, au cours de la scolarité en primaire, les garçons finissent par obtenir de bien meilleures notes que les filles en mathématiques alors que la différence initiale de niveau était quasi-invisible. Par ailleurs, les filles et les garçons se distinguent aussi par la manière dont ils évaluent leurs propres capacités scolaires : les filles se voient mieux adaptées au cadre scolaire tandis que les garçons ont plus le sentiment de répondre aux questions posés par le professeur en classe. Les performances scolaires dans l’enquête reflètent aussi le milieu social des élèves, et l’écart entre les moins favorisés et les plus favorisés s’accentue du CP au CM2. Pourtant, au CP, les élèves défavorisés ont une perception plus positive de leurs capacités scolaires que leurs camarades, y compris à performance égale. Arrivés en CM2, plus les élèves viennent de milieux favorisés, plus ils ont le sentiment de bien réussir à l’école. Enfin, il n’y a pas de différences réelles de bien-être selon l’origine sociale.

Relations enseignants-élèves : comment améliorer le bien-être des élèves du secondaire ?

Relations enseignants-élèves : comment améliorer le bien-être des élèves du secondaire ?

Malgré une opinion très positive de leur expérience dans leur établissement (94 % disent se sentir bien dans leur collège ou lycée), les élèves français interrogés à 15 ans par l’enquête PISA ont un sentiment d’appartenance à l’école plus faible que la moyenne de l’OCDE. Parmi les neuf questions qui permettent de construire cet indicateur d’appartenance à l’école, les jeunes français sont dans la moyenne de l’OCDE pour quatre questions, et au-dessous de la moyenne pour deux autres. Le score d’ensemble assez faible de la France repose ainsi sur un jugement significativement plus négatif quant à l’impression d’être laissé pour compte et au sentiment de se sentir chez soi à l’école. Parmi les facteurs qui expliquent cette contre-performance, la relation avec les enseignants joue un rôle important. Les élèves français sont en effet nombreux à estimer qu’ils sont traités injustement par leurs professeurs, notamment que ces derniers sous-estiment leurs capacités et les font moins participer que leurs camarades de classe. Contrairement au sentiment d’appartenance à l’école en général, le sentiment d’injustice est corrélé avec les performances scolaires. Les plus mauvais élèves ont plus fréquemment le sentiment que les enseignants sont injustes à leur égard ; les élèves moyens plus que les bons élèves, mais aussi les garçons plus que les filles, quel que soit leur niveau scolaire.

Faut-il avoir des bonnes notes pour être heureux à 15 ans ?

Faut-il avoir des bonnes notes pour être heureux à 15 ans ?

Nous connaissons les enquêtes PISA pour la comparaison qu’elles permettent des performances scolaires entre pays. Ces enquêtes apportent cependant aussi un éclairage remarquable sur le bien-être des adolescents interrogés, et en particulier sur les liens que celui-ci entretien avec les performances scolaires. Nous montrons ici que ce lien est complexe. Si les adolescents qui ont de meilleures notes se déclarent plus satisfaits de leur vie, il n’y a pratiquement pas de relation entre le sentiment d’appartenance à l’école et le niveau de performance, et même une relation négative entre les notes et le sentiment de savoir ce qui donne du sens à sa vie. Les réponses mettent en évidence un écart fille-garçon très marqué. Les filles sont moins satisfaites de leur vie que les garçons, avec un poids plus important des notes, se sentent moins bien à l’école et déclarent plus souvent éprouver des émotions négatives. Une partie de cet écart semble lié à la peur de l’échec, plus fort chez les filles, et à un moindre esprit de compétition dans un environnement où celui-ci est valorisé. Dans toutes ces dimensions, la France ne fait pas figure d’exception et ressemble beaucoup aux autres pays européens. Deux spécificités françaises émergent cependant. D’une part, le poids accordé aux mathématiques dans le parcours scolaire se reflète dans l’importance de cette matière dans la satisfaction de vie. D’autre part, la satisfaction dans la vie des adultes, assez décevante au regard des pays comparables, contraste avec les réponses nettement plus favorables des adolescents.

Ces enseignants qui nous marquent

Ces enseignants qui nous marquent

Le suivi d’une cohorte d’enfants permet de mettre en évidence l’influence sur le long terme que peuvent avoir les enseignants sur leurs élèves. Les travaux de Sarah Flèche à partir d’une cohorte britannique montrent que les enseignantes et enseignants du primaire ont un effet non seulement sur les notes de leurs élèves, mais aussi sur leurs compétences non-cognitives (par exemple l’estime de soi, la persévérance, ou encore les relations interpersonnelles). Cet effet s’observe à court terme sur les notes, mais s’estompe avec les années. Cependant, si l’effet sur les notes diminue au fil du temps, on continue à observer une influence des enseignants sur la réussite de leurs élèves à long terme, que ce soit à travers l’accès à l’université, l’insertion sur le marché du travail, leur santé mentale ou leurs comportements. La capacité des enseignants à améliorer les performances cognitives de leurs élèves ne va pas nécessairement de pair avec leur capacité à améliorer la dimension non-cognitives. Les capacités à faire progresser les élèves dans l’un ou l’autre constituent deux compétences séparées. Ces compétences ne semblent pas s’acquérir principalement avec l’expérience, puisque l’âge, le nombre d’années d’exercice ou la confiance que les enseignants ont dans leurs pratiques ne semblent pas liées à la valeur ajoutée mesurée. En revanche, les pratiques pédagogiques mises en place par l’enseignant contribuent significativement à expliquer les différences de progressions entre élèves.

Heurs et malheurs du confinement

Heurs et malheurs du confinement

Face à l’épidémie de covid-19, le gouvernement français décide de placer le pays en confinement strict du 15 mars au 11 mai 2020. Pour la plupart des Français, le confinement est arrivé de manière inattendue, imposant de s’adapter très rapidement à une situation complètement inédite, chamboulant leur vie quotidienne, familiale et professionnelle. Les résultats de l’enquête Conditions de vie et aspirations réalisée par le Crédoc pendant le confinement, du 20 avril au 04 mai soulignent des vécus très différenciés. Les jeunes ont vécu plus difficilement la période que leurs aînés du fait de l’importance des liens sociaux dans leur constitution identitaire. Alors qu’en temps normal, les 15-24 ans sortent souvent de chez eux, notamment pour voir leurs amis, ils ont souffert de devoir y renoncer, malgré l’importance des liens sociaux dans leur constitution identitaire. Habitant souvent dans de petits espaces, ils ont vu leur vie rétrécie entre quatre murs ou ont choisi pour certains de retourner vivre dans leurs familles, ce qui n’a pas été sans provoquer quelques tensions. Les autres foyers habitant de petits logements, en liaison avec des ressources financières limitées (le logement étant le premier poste de dépenses des Français), ont également vécu difficilement la période. En revanche, au-delà des différences d’habitat, l’effet des différences de revenus a été – temporairement – gommé pendant la période. Chez les actifs, la découverte ou l’amplification du télétravail ont manifestement constitué une bonne surprise pour les personnes qui y ont eu accès, mais moins pour les personnes qui travaillaient habituellement à distance avant le confinement, qui se sont trouvées plus perturbées dans leurs habitudes. Le choc de la crise de la covid-19 a été tel que la plupart des Français ont revisité le regard qu’ils portaient sur leur vie, et réévaluent plus positivement ses différentes dimensions. Enfin, pour une partie importante de la population, le confinement a été une pause bien vécue, permettant de profiter davantage de ses proches, d’une vie calme et sécurisante.

Étendue et perception de la violence au travail

Étendue et perception de la violence au travail

La violence au travail n’a en France rien d’anecdotique. Interrogés sur leurs conditions de travail, pratiquement un tiers des répondants déclarent avoir été exposés à un comportement malveillant au cours de l’année. Cette malveillance prend des formes multiples, et cumulatives : plus d’un tiers des personnes concernées sont exposées à au moins trois comportements hostiles différents. Afin de bien prendre acte de l’ampleur de ce phénomène, nous dressons un panorama de ces comportements, en tête desquels figurent des attitudes malheureusement ordinaires, comme la critique injuste ou les entraves à l’expression de la personne. Du côté des victimes, l’âge ou le mépris envers la profession exercée constituent les motifs les plus souvent déclarés. Les femmes sont plus souvent que les hommes victimes de ces comportements, hostiles, et particulièrement ceux comportant une teneur sexuelle. Le cumul de comportements malveillants est alors encore plus fréquent – au moins cinq types d’attaques différentes pour la moitié des individus exposés à de tels comportements. Dans ce contexte, des comportements a priori sans contenu sexuel prennent une coloration sexiste. Les femmes sont d’ailleurs les premières à bien identifier cette contamination, et attribuent beaucoup plus souvent que les hommes les comportements hostiles à leur sexe. Chez les hommes, les motifs relatifs à l’origine, la nationalité ou les convictions religieuses et politiques sont relativement plus fréquents. En étendant le champ pour intégrer des comportements en apparence plus anodins, telles les blagues sexistes, nous prenons la mesure d’un sexisme ordinaire largement répandu et toléré dans le monde du travail en France. S’ils sont les plus exposés à ce genre de propos, les moins de trente ans sont nombreux à ne pas de sentir dérangés par ces propos.

Figure 8
Lecture : La part de personnes déclarant une faible satisfaction de vie est de 16 % pour les personnes qui ne se sentent pas seules et 45 % pour celles qui se sentent seules.
Faible satisfaction de vie et faible confiance sont définies comme l’appartenance aux 25 % des réponses les plus faibles (satisfaction de vie inférieure ou égale à 5, confiance interpersonnelle inférieure ou égale à 3)

Dimensions de la solitude en France

Un grand nombre de Français vivent dans une situation plus ou moins prononcée d’isolement social. 12 % des Français de seize ans passent régulièrement une semaine sans aucun contact avec leurs amis et leur famille, et 3 % plusieurs semaines. En septembre dernier, l’Insee a dressé un portrait socio-économique des personnes isolées, c’est-à-dire ayant peu ou pas de contacts avec leur famille et leurs amis. Ce travail montrait que l’isolement est associé à des indicateurs de fragilité économique, ainsi qu’à un bien-être fortement dégradé. Dans la lignée de leur travail, nous réalisons un portrait similaire, et croisé avec le leur, en nous intéressant aux personnes qui déclarent se sentir très souvent seules. Cette appréhension subjective de solitude ne recouvre que partiellement celle d’isolement, et nous donne à voir des segments de la population qui souffrent de solitude quand bien même ils entretiennent autant voire plus que la moyenne des contacts réguliers avec leur entourage. Notre analyse met ainsi en évidence que certaines de ces poches de solitude, à l’exemple des cités et grands ensembles, se situent dans des zones denses de la société, et procèdent de l’accumulation dans certains lieux ou populations des difficultés financières et sociales – exacerbées par le sentiment de n’avoir personne vers qui se tourner en cas de besoin. Au-delà de ces effets d’accumulation, nous mettons également en évidence des populations et lieux où la composition socio-démographique n’épuise pas la prévalence du sentiment de solitude, attestant de facteurs supplémentaires de fragilisation du lien social. Nous ajoutons également à l’analyse l’impact de l’isolement et de la solitude sur la satisfaction dans la vie et la confiance interpersonnelle, dont nous avons montré qu’elles structurent le paysage politique français. La solitude pèse lourdement sur la satisfaction, alimentant la tentation contestataire, tandis qu’isolement comme solitude pèsent sur notre capacité à faire confiance à autrui.

Le Passage à la retraite

Le Passage à la retraite

Le projet de réforme du système de retraites français, dévoilé en juillet dernier, devrait remplacer les notions d’âge légal de départ à la retraite par un âge-pivot, évoluant en fonction de l’espérance de vie des générations. On a déjà pu voir à quel point cette question de l’âge de départ à la retraite faisait l’objet de prises de position marquées, reflétant l’importance symbolique de cette transition dans notre société. Pour autant, la littérature économique met en évidence des impacts négatifs comme positifs du départ à la retraite, selon le contexte national et la situation des personnes concernées. Cette ambivalence du départ à la retraite se retrouve dans les évaluations subjectives de bien-être. La retraite n’efface par ailleurs pas ou peu les différences sociales dans l’évaluation de son bien-être : les plus satisfaits avant leur retraite le sont également après, même si dans certains domaine, en particulier celui de la santé, l’écart entre groupes sociaux tend à se réduire avec le passage à la retraite. Du fait de la place occupée par le travail dans la construction de la position sociale des individus, la retraite peut également être un moment d’interrogation de leur utilité sociale, lorsque certains liens de sociabilité liés au travail se distendent. Nous observons de tels effets dans le cas français, mais ils restent faibles pour les personnes de moins de 70 ans, et d’autant plus faibles si, comme un tiers des retraités de cette classe d’âge, la personne est engagée dans des activités de bénévolat. Les interrogations douloureuses sur l’utilité sociale ou le sentiment de solitude sont plutôt un problème propre au quatrième âge, à partir de 80 ans.

Le Bien-être des Français – Mars 2019 :  Un retour à la normale

Le Bien-être des Français – Mars 2019 : Un retour à la normale

Après une vague de décembre marquée par une dégradation généralisée des indicateurs de bien-être subjectif – dégradation que nous avons mis en relation avec le mouvement des Gilets jaunes – la vague de mars de notre enquête montre un rebond de la plupart de ces indicateurs à leurs niveaux moyens observés depuis deux ans. En miroir de ce que nous observions au trimestre dernier, ce retour à une forme de normalité touche de manière assez homogène toutes les couches de la société, et concerne aussi l’appréciation que les enquêtés font de leurs perspectives d’avenir. Deux éléments de ce rebond retiennent particulièrement notre attention. D’une part, les indicateurs liés au travail et à l’équilibre des temps de vie s’établissent au-delà d’un simple retour à la moyenne. Ils semblent avoir repris le chemin d’une amélioration progressive dont nous avions déjà décelé des indices l’année dernière. Cette trajectoire pourrait traduire les ressentis de l’amélioration progressive du marché du travail en France. D’autre part, si le tiers des ménages les plus modestes en termes de revenus partage l’embellie quant à la perception de leur avenir personnel, la satisfaction exprimée vis-à-vis de leur situation actuelle ne s’est pas significativement améliorée depuis décembre. Cette disjonction entre un avenir qu’on pense pouvoir être meilleur et une situation présente vue comme difficile reste le signe d’une situation politique et sociale potentiellement fragile.

Lecture  : En moyenne, les répondants sont 27% à se déclarer malheureux selon notre définition. Dans les villes moyennes, ils sont presque 3,5 points de pourcentage plus nombreux (30,5%).

La France Malheureuse

La vaste contestation que représente le mouvement des Gilets Jaunes s’enracine pour nous dans un sentiment profond et durable de mal-être et d’insatisfaction des personnes vis-à-vis de leur vie et de leurs perspectives d’avenir. Afin de contribuer à la compréhension de ce mouvement et de sa composition sociale, nous dressons dans cette note un portrait en trois temps du mal-être en France tels que le révèlent nos indicateurs subjectifs. Qui sont les malheureux en France ? Nous montrons que si les marqueurs de statut social que sont le diplôme, l’emploi et le revenu structurent l’exposition au mal-être, ce dernier touche une large frange de la population associée aux classes populaires et moyennes. Dans la lignée de notre note de novembre dernier, « Bonheur rural, malheur urbain », nous revenons sur la situation des villes moyennes. Celles-ci affichent un niveau de bien-être moyen inférieur, et une proportion plus forte de malheureux. Cet écart s’explique en partie par une sur-représentation en leur sein des catégories les plus malheureuses, ce qui se conjugue avec des niveaux de revenus plus faibles et une dynamique démographique en berne. En nous focalisant sur les malheureux de ces villes, nous mettons cependant en évidence un effet local supplémentaire : au sein de ces villes, le malheur et l’insatisfaction vis-à-vis des relations avec les proches s’expriment plus fortement dans la quasi-totalité des couches de la population. Il se manifeste donc dans ces agglomérations une dynamique négative, qui pèse sur le bien-être de l’ensemble de leurs habitants.

Le Bien-être des Français — Décembre 2018

Le Bien-être des Français — Décembre 2018

La vague de décembre de notre enquête sur le bien-être des Français reflète l’état d’un pays traversé par la crise des Gilets Jaunes. Une majorité de nos indicateurs sont à la baisse comparés à l’année précédente, et pour la plupart aussi par rapport au trimestre précédent, en réel contraste avec le rebond habituellement observé sur la vague de décembre. Le recul de la satisfaction de vie touche ainsi l’ensemble des couches de la société, avec une augmentation de la part des très insatisfaits, et, dans les milieux les plus aisés, un recul des plus satisfaits. Comme en témoigne le cœur initial des revendications, cette crise s’ancre dans les craintes quant au pouvoir d’achat, malmené par le prix des carburants et plus généralement une augmentation des prix les plus visibles. Ces craintes se sont traduites par un recul marqué depuis début 2018 du moral des ménages, et un retour des craintes vis-à-vis du chômage. Il s’agit également d’une crise de confiance en l’avenir. Nos indicateurs d’optimisme collectif avaient déjà reculé le trimestre dernier. Ce trimestre, c’est au tour des anticipations vis-à-vis de l’avenir individuel de chuter très fortement, et là encore pour une partie très significative de notre échantillon. Cette insatisfaction et ce pessimisme peignent un tableau sombre pour le gouvernement : la confiance dans l’avenir et un haut niveau de satisfaction de vie ont caractérisé l’électorat d’Emmanuel Macron. A contrario, l’insatisfaction et la défiance nourrissent les rangs de l’extrême-droite.

Figure 6 : La satisfaction de vie en Europe. 
Source : World Happiness Report 2017

Le Bien-être des Français - Mars 2018

Notre enquête de mars 2018 dresse un portrait contrasté du bien-être en France. On sait que de manière générale, les Français sont modérément satisfaits dans les grandes dimensions du bien-être subjectif (satisfaction dans la vie, sentiment que leur vie a un sens, bonheur, anxiété, santé ressentie) mais sont pessimistes pour leur avenir personnel et plus encore pour l’avenir collectif de la France et de l’Europe. Pour autant, ils sont très satisfaits de leur environnement proche, qu’il s’agisse de liens sociaux, de sécurité personnelle ou d’exposition à l’agressivité. De même, leur travail et les relations qu’ils y entretiennent constituent des sources de satisfaction, de même que leur temps libre, même s’ils sont en moyenne moins satisfaits de l’équilibre travail/temps libre. Si sur le moyen terme ces évaluations sont assez stables, on observe des évolutions d’un trimestre à l’autre, révélant une dimension conjoncturelle des réponses à ces questions, même celles qui s’ancrent dans une vision de long terme, comme la satisfaction de vie. Si ces variations ne sont pas d’ampleur suffisante pour modifier le positionnement de la France, entre des pays du nord de l’Europe en moyenne plus heureux et des pays du sud de l’Europe qui le sont moins, elles traduisent des mouvements significatifs dans l’opinion, tantôt sur l’ensemble des enquêtés, tantôt aux extrêmes. Qu’est devenu le sursaut d’optimisme observé autour de l’élection d’Emmanuel Macron ? Si la confiance dans l’avenir a reflué et fluctué depuis l’élection, on observe que la part des pessimistes reste depuis l’élection inférieure à ce qu’elle était avant, tandis que la part des optimistes reste au-dessus de ses valeurs pré-élection.

Pour chaque question, les perspectives sont notées sur une échelle de 0 à 10. Pour ce graphique, 0 – 3 : dégradation, 4 – 6 stabilité, 7 – 10 : amélioration.
Source : Enquête Conjoncture auprès des ménages, INSEE et Plate-forme « Bien-être » de l’enquête Conjoncture auprès des ménages, INSEE / CEPREMAP

Présidentielle : un choc d’optimisme

Il y a un an avait lieu la première vague de l’enquête trimestrielle organisée par l’Observatoire du bien-être du Cepremap. L’Observatoire avait publié un premier bilan du bien-être en France. La tonalité générale en 2016 était celle d’une France particulièrement pessimiste. Plus de deux tiers des Français estimaient que la vie des prochaines générations déclinerait et exprimaient des pronostics sombres sur la situation économique. Si les Français se disaient en général satisfaits de leur situation personnelle, l’écrasante majorité manifestait une forte inquiétude quant à l’avenir de la France et la possibilité d’un destin collectif, pessimisme auquel nous avons consacré une note. Un an plus tard, la France a repris des couleurs selon notre dernière vague d’enquête de juin 2017. La confiance dans les perspectives de la France dans son ensemble s’améliore considérablement, se rapprochant de l’optimisme des Français quant à leur situation personnelle. Ce dernier change d’ailleurs peu. Les évolutions sont frappantes depuis le précédent bilan de mi-2016, tant par leur ampleur que par l’homogénéité de leur direction, celle d’une vision plus positive de l’avenir. Si les Français ne voient pas encore la vie en rose, une grande partie du camp des pessimistes a basculé dans le camp des optimistes. Effet Macron ? Difficile de ne pas y voir une association. Nous avions montré dans une récente analyse de la relation entre bien-être et vote qu’un plus fort niveau d’optimisme caractérisait les électeurs d’Emmanuel Macron au premier tour, quels que soient leur revenu, leur catégorie socio-professionnelle ou leur lieu de résidence. Par ailleurs, la forte hausse de l’optimisme en France se déroule entre nos deux vagues d’enquête pré- et post-élection présidentielle, avec une forte bascule des pessimistes vers le camp des optimistes. Effet Macron stricto sensu ? Les élections présidentielles sont traditionnellement associées à un regain d’optimisme dans les indicateurs de la confiance des ménages. Le temps et les enquêtes futures nous diront s’il y a eu un effet spécifique et durable lié au nouveau Président.