Note de l’Observatoire du Bien-être n°2024-01 : Le Bien-être des Français – Décembre 2023

En décembre 2023, les principaux indicateurs de bien-être subjectif en France sont à des niveaux proches de leur moyenne depuis 2016. Au-delà de la baisse saisonnière du bien-être émotionnel, la satisfaction dans la vie, le sentiment de sens et l’évaluation du niveau de vie restent stables, tandis que les craintes quant aux difficultés financières reculent.

Cependant, les perspectives d’avenir continuent de se dégrader, en particulier en ce qui concerne la prochaine génération en France, et le sentiment de sécurité recule à nouveau.

Mathieu Perona, Observatoire du Bien-être du Cepremap

Après une année d’amélioration, la satisfaction dans la vie s’est légèrement repliée en décembre 2023 par rapport au trimestre précédent. Elle reste proche de sa moyenne depuis 2016 (Figure 1). Cette relative stabilité ainsi que celle des principaux autres indicateurs confirme une forme de retour à la normale après l’enchaînement des crises sanitaire et géopolitique 1.


Figure 1 : Comme dans l’ensemble des graphiques de cette Note, la bande jaune désigne la période la plus intense des manifestations du mouvement des Gilets jaunes. Les bandes grisées désignent les confinements en France métropolitaine. Le trait vertical pointillé marque le début de la guerre en Ukraine.

Si les inquiétudes quant à l’économie refluent, la vague de décembre est marquée par un net recul du bien-être émotionnel. Une diminution du sentiment d’avoir été heureux la veille tient pour partie à la saison, mais la baisse de 2023 est particulièrement importante dans son ampleur (Figure 2). Elle est aussi inégalement répartie, puisqu’elle est nettement plus prononcée chez les femmes ainsi qu’au sein des ménages modestes (voir notre Tableau de bord en ligne).

Figure 2

Moins d’inquiétudes économiques

L’indice de satisfaction quant au niveau de vie reste stable, à un niveau comparable à celui d’avant la pandémie (Figure 3).

Figure 3

Sur le front des prix, les inquiétudes se stabilisent également. Depuis neuf mois, moins de la moitié des répondants pensent que l’inflation va continuer au même rythme ou augmenter : les anticipations sont celles d’un ralentissement continu de l’inflation (Figure 4).

Figure 4

À cause du poids de l’inflation passée, les inquiétudes quant à la situation financière des ménages restent assez élevées : autour d’un quart des répondants pensent que leur situation va se dégrader au cours de l’année à venir. C’est toutefois nettement moins que les 35% observés au plus haut de la période d’inflation (Figure 5).

Figure 5

Un avenir qui reste sombre

Cependant, l’appréciation des perspectives individuelles, comme du pays, reste pessimiste. Même si l’indice synthétique de confiance des ménages de l’Insee — qui reflète les anticipations quant à l’économie française à un horizon d’un an — se redresse, il reste bien au-dessous de son niveau moyen depuis 2016 (Figure 6). C’est aussi le cas de l’appréciation de leur avenir individuel par les ménages, qui est depuis deux ans inférieur aux niveaux d’avant la pandémie. L’écart entre l’évaluation des perspectives individuelles et celles du pays se réduit un peu ce trimestre, mais reste notable : l’inquiétude porte surtout sur les perspectives générales.

Figure 6

À plus long terme, les perspectives restent moroses. L’appréciation de ce que sera la situation de la prochaine génération en France atteint en décembre un nouveau point bas, le troisième en un an (Figure 7). L’appréciation des perspectives de la prochaine génération en Europe est à peine meilleure, mais après une forte chute en septembre 2021, elle reste stable, alors que celle concernant la France n’en finit pas de se dégrader.

Figure 7

Sur le moyen terme, nous voyons sans doute ici le résultat d’une inquiétude croissante quant aux conséquences du dérèglement climatique, ainsi que les impacts de la situation internationale — la guerre en Ukraine depuis février 2022, et depuis octobre dernier la reprise du conflit au Proche-Orient, y compris les répercussions en France de ce dernier conflit. De manière encore plus proche, nous observons peut-être les effets plus immédiats du meurtre de Thomas Perotto à Crépol, le 19 novembre. Si les circonstances de cette affaire restent obscures à ce jour, elle a reçu une large couverture médiatique, exprimant souvent une grande surprise à l’idée qu’un tel affrontement entre bandes de jeunes puisse survenir dans un environnement rural comme la commune de Crépol (528 habitants). De fait, nous observons une nouvelle chute du sentiment de sécurité dans son quartier en décembre, due pour l’essentiel aux répondants habitant en zone rurale.(Figure 8).

Figure 8
  1. Voir notre Tableau de bord qui vous présente les réponses aux 20 questions de notre plate-forme, détaillées selon l’âge, le genre, le niveau de diplôme ou le revenu.