Note de l’Observatoire du Bien-être n°2023-07 : Le Bien-être des Français – Mars 2023

En mars 2023, notre enquête trimestrielle livre l’image d’une France inquiète de l’avenir du pays, aussi bien du futur proche des habitants que de celui des prochaines générations. Ce pessimisme accompagne la chute de l’indice de confiance des ménages de l’Insee, signe du retour de l’économie au premier plan des préoccupations des Français.

Mathieu Perona, Observatoire du Bien-être du Cepremap

Dans un contexte dominé par la contestation de la réforme des retraites, nous nous attendions à ce que notre photographie de mars renvoie une image du bien-être en France encore plus dégradée que celle de décembre, déjà fortement affectée par l’inflation.
Pourtant, la satisfaction dans la vie moyenne (Figure 1) reste à un niveau comparable avec celui du trimestre dernier – assez au-dessous de sa moyenne de long terme. La baisse entamée avec la sortie des confinements se poursuit et nous restons à des niveaux proches de ceux qui ont immédiatement précédé la crise des Gilets jaunes.

Figure 1 : Comme dans l’ensemble des graphiques de cette Note, la bande jaune désigne la période la plus intense des manifestations du mouvement des Gilets jaunes. Les bandes grisées désignent les confinements en France métropolitaine. Le trait vertical pointillé marque le début de la guerre en Ukraine.

Il en va de même en ce qui concerne le versant émotionnel (Figure 2). Les plus de 65 ans surtout restent à cet égard à un faible niveau de bonheur, tant par rapport qu’aux autres générations que par rapport à ce que nous observons depuis 20161.

Un futur inquiétant

Depuis la sortie des confinements, nous voyons l’appréciation du futur proche – ce que vous allez vivre dans les années à venir – se dégrader en parallèle avec l’indice de confiance des ménages de l’Insee (Figure 3). Nous interprétons cette association comme un retour au premier plan des motifs économiques dans la perception de l’avenir immédiat, les deux dimensions n’ayant divergé fortement que durant la période Covid.

Depuis juin 2022, avec la pression accrue de l’inflation suite à la guerre en Ukraine, la confiance des ménages dans l’économie (à l’horizon d’un an) continue à chuter et les deux indices se stabilisent à un niveau bas.

Du côté de l’inflation, la perception d’une augmentation forte des prix fait pratiquement consensus (Figure 4). Le ressenti de l’inflation par les ménages a décollé à partir de juin 2021, avec un coup d’accélérateur au trimestre suivant le début de la guerre en Ukraine. La part des personnes qui anticipent une poursuite de l’inflation reste relativement élevée- plus de deux tiers des réponses.

De la même manière, un tiers des ménages anticipent une dégradation de leurs finances sur l’année à venir (Figure 5). Ce niveau est plus élevé qu’avant la pandémie, mais l’essentiel de l’augmentation a eu lieu entre juin 2021 et mars 2022.

Inquiétude sur le niveau de vie

Il n’est étonnant, dans ces conditions, que la satisfaction des Français à l’égard de leur niveau de vie reste en recul par rapport à la parenthèse Covid (Figure 6). La part des ménages qui disent épargner est en baisse par rapport à 2021, et rejoint son niveau antérieur à la pandémie (entre 35 % et 40 % des ménages interrogés, Figure 7). Un autre tiers des ménages estiment être juste à l’équilibre (entre 35 % et 40 % des réponses depuis 2016).

L’avenir du pays s’assombrit encore

Comme au trimestre précédent, l’inquiétude pour l’avenir proche domine le tableau. L’appréciation des perspectives de la prochaine génération en France demeure également très pessimiste depuis décembre 2021, et chute même au dernier trimestre, pour atteindre son niveau le plus bas depuis la crise des Gilets jaunes (Figure 8). Ce sont particulièrement les classes moyennes et la génération des 45-65 ans qui conduisent cette évolution.

Sans le même temps, notre Baromètre en ligne fondé sur les messages Twitter met en évidence une augmentation marquée des expressions de colère (Figure 9). Celles-ci ont bondi sur les premières semaines de 2023 pour se stabiliser au niveau le plus élevé depuis 2015.

Conclusion

Les inquiétudes économiques continuent ainsi d’occuper le devant de la scène. Les craintes face à l’inflation restent fortes et les ménages anticipent que cette dernière va s’installer dans la durée, ce qui pèse lourdement sur leurs représentations de ce que sera la France dans les années à venir.

À cette inquiétude personnelle s’ajoute, ce trimestre, une forte dimension de colère, et une dégradation de la vision de l’avenir de long terme du pays.

  1. Voir notre Tableau de bord qui vous présente les réponses aux 20 questions de notre plate-forme, détaillées selon l’âge, le genre, le niveau de diplôme ou le revenu.