Note de l’Observatoire du Bien-être n°2024-03 : Le Bien-être des Français – Mars 2024

Ce printemps s’ouvre sur une amélioration du bien-être émotionnel des Français, ainsi que sur un reflux de leur pessimisme, qu’il s’agisse de leur avenir personnel ou surtout de la prochaine génération en France. L’évaluation de la situation présente reste stable, soutenue par le reflux progressif des inquiétudes quant à l’inflation et au niveau de vie. Au total, cette vague donne des signes d’une embellie prudente du bien-être en France.

Mathieu Perona, Observatoire du Bien-être du Cepremap

Publié le 04 Avril 2024

Pour le troisième trimestre consécutif, la satisfaction dans la vie reste proche de sa moyenne depuis 2016 (Figure 1) et d’autres indicateurs, tant relatifs à l’économie qu’aux autres dimensions du bien-être, indiquent une amélioration du bien-être des Français.


Figure 1 : Comme dans l’ensemble des graphiques de cette Note, la bande jaune désigne la période la plus intense des manifestations du mouvement des Gilets jaunes. Les bandes grisées désignent les confinements en France métropolitaine. Le trait vertical pointillé marque le début de la guerre en Ukraine.

Ainsi, après un troisième trimestre 2023 très morose, le bien-être émotionnel se rétablit. Tant le sentiment d’avoir été heureux la veille (Figure 2) que celui de s’être senti déprimé retrouvent leur niveau moyen depuis 2016. Ce sont surtout les Françaises qui se sentent mieux en ce début de printemps, puisque l’essentiel du creux de l’hiver et du rebond de mars sont liés aux réponses des femmes – quel que soit leur âge (voir notre Tableau de bord en ligne pour la décomposition par groupes).

Figure 2

Une amélioration continue des perspectives financières

L’appréciation par les Français de leur niveau de vie s’améliore ce trimestre. Elle repasse au-dessus de sa moyenne pour la première fois depuis mars 2022 et le début de la guerre en Ukraine. Les plus modestes sentent en particulier la situation s’améliorer (Figure 3).

Figure 3

Ce sentiment d’amélioration a partie liée avec la fin des inquiétudes liées à l’inflation. La moitié des répondants pensent que l’inflation va ralentir ou s’arrêter, et un tiers qu’elle va continuer au même rythme : peu de Français croient à une nouvelle flambée des prix au cours des années à venir (Figure 4).

Figure 4

Ainsi, les inquiétudes financières continuent de refluer (Figure 5). La part des ménages qui pensent que leurs finances vont se dégrader sur l’année à venir continue de diminuer. À 21 %, la part des réponses redevient comparable aux niveaux de 2016-2017.

Figure 5

Quelques lueurs d’espoir

Après un point bas de septembre 2022 à mars 2023, et un plateau morose de juin à septembre 2023, les Français redeviennent plus optimistes en ce qui concerne leur avenir personnel à l’échelle de quelques années (Figure 6). L’indicateur, bien qu’encore inférieur à sa valeur moyenne depuis 2016, s’améliore encore plus nettement que l’indice de confiance des ménages de l’Insee. L’amélioration attendue ne concerne donc pas le seul domaine économique.

Figure 6

Le fait le plus marquant du trimestre est un fort redressement des perspectives de la prochaine génération en France (Figure 7). Si une forme de pessimisme structurel est toujours là – on reste sur des valeurs correspondant à une dégradation de la vie de la prochaine génération par rapport à la situation actuelle – il s’agit de la première amélioration depuis mars 2022, et, hors période de pandémie, le premier rebond significatif depuis 2019. Il faut noter que les perspectives de la prochaine génération en Europe (hors France) sont stables : c’est bien une amélioration des perspectives françaises que pointe cette édition de l’enquête.

Figure 7

À l’appui de cet optimisme, il convient sans doute de rappeler les points forts du bien-être en France. Ainsi, les relations avec les proches restent un point de satisfaction, avec une évaluation moyenne supérieure à 8 sur l’échelle de 0 à 10, et le sentiment d’avoir quelqu’un sur qui compter, qui reste pour le troisième trimestre consécutif à un niveau plus élevé qu’avant la pandémie (7,7 sur 10). De manière moins attendue, la satisfaction à l’égard du travail constitue elle aussi un élément positif, et en légère amélioration depuis un an. (Figure 8).

Figure 8

À l’inverse, les inquiétudes quant à la sécurité dans son quartier, qui avaient marqué la vague précédente, refluent là où elles avaient le plus augmenté, dans les communes rurales.