Newsletter de l’Observatoire du Bien-être n°16 – Janvier 2019

L’Observatoire du bien-être du CEPREMAP vous présente ses meilleurs vœux pour l’année 2019 !

En ce début d’année, nous avons été fortement mobilisés par des travaux sur le mouvement des Gilets Jaunes, dont nous pensons qu’il est le reflet d’un mal-être que nous pouvons délimiter socio-économiquement et territorialement par nos métriques de bien-être subjectif. Ces travaux devraient déboucher sur une publication en février.

Observatoire

Atelier What Works

À l’initiative de l’ANSA et à la suite de leur rapport à ce sujet, un atelier régulier What Works rassemble des organismes intéressés par la promotion et la diffusion des politiques fondées sur les preuves. Ces ateliers sont l’occasion de faire un tour d’horizon des actions menées par les participants (dont le Fonds d’expérimentation pour la jeunesse, le J-PAL, le LIEPP, etc.) et de voir plus en détail une initiative d’expérimentation dans l’action publique.

En février, nous accueillerons le 06 février, au 48 Bd Jourdan, le premier atelier de l’année 2019. Les chercheurs intéressés sont invités à prendre contact avec mathieu.perona@cepremap.org.

Opuscules du CEPREMAP

Nous vous rappelons que la collection des Opuscules du CEPREMAP propose de nombreux titres à même d’éclairer certaines des questions d’actualité. Pour en citer quelques-uns portant sur la France :

Système de protection sociale

Fiscalité et redistribution

Emploi

Aménagement du territoire

Fonctionnement politique et social

Transition écologique

Immigration et discriminations

Les Opuscules sont téléchargeables sur le site du CEPREMAP en version PDF six mois après leur parution.

Il s’agit évidemment dans chaque cas des analyses et opinions des auteurs des ouvrages, et non une position du CEPREMAP.

Gilets Jaunes

Les analyses du mouvement des Gilets Jaunes ont fleuri au cours du dernier mois, mélangeant souvent la réaction à chaud avec les spécialités des chercheurs concernés.

En tout état de cause, il apparaît que la dimension territoriale est essentielle. Afin de prendre un peu de recul sur le sujet, et en attendant notre note de février, nous voudrions remettre en lumière le rapport du CGET (Commissariat Général à l’Égalité des Territoires) de juillet dernier, qui fait le point sur dix ans de dynamiques territoriales et mettait en évidence des points de vulnérabilité qui rappellent fortement les points nodaux du mouvement de contestation actuel.

Rapport sur la cohésion des territoires, CGET, Juillet 2018.

Vu sur le Web

Social Capital Dimensions and Subjective Well-Being: A Quantile Approach

Nous savons que le capital social (mesuré par les indicateurs de confiance, de qualité du réseau social et d’engagement civique) ont un effet sur le niveau de bien-être subjectif. Cet article exploite la 7e vague de l’ESS pour montrer que cet effet n’est pas homogène dans la distribution du bien-être : ces facteurs ont une puissance explicative plus forte sur les faibles niveaux de bien-être que sur les niveaux élevés.

Social Capital Dimensions and Subjective Well-Being: A Quantile Approach”, Neira, I., Lacalle-Calderon, M., Portela, M. et al. J Happiness Stud (2018).

The association between adolescent well-being and digital technology use

Nous avons tous vu passer des articles faisant état des dégâts des nouvelles technologies sur le bien-être des adolescents. Les auteurs de cette étude sont repartis des jeux de données servant de base à ces articles, et jettent un doute généralisée sur leur validité. Ils mettent en évidence que les effets reportés sont couramment inférieurs aux corrélations observées avec d’autres facteurs, comme porter des lunettes, ce qui fait peser une suspicion de choix opportuniste des modèles. En utilisant une méthode moins vulnérable à ce genre d’effets, les auteurs trouvent une corrélation faible entre l’usage des outils numériques et le bien-être des adolescents.

Voir ce fil Twitter pour une exposition des principaux résultats.

The association between adolescent well-being and digital technology use”, Amy Orben & Andrew K. Przybylski, Nature Human Behaviour (2019)

Commuting and Life Satisfaction Revisited: Evidence on a Non-linear Relationship

Le coût subjectif des migrations pendulaires fait partie des résultats les mieux connus du grand public. Sur une note personnelle, je les ai vus utilisés dans des discussions sur la localisation de certaines équipes. Cet article relève que ces résultats reposent sur un hypothèse de linéarité de ces coûts. Mobilisant des donnés allemandes, les auteurs mettent en évidence une forte non-linéarité, l’essentiel des coûts provenant des personnes très éloignées (plus de 80km) de leur lieu de travail.

“Commuting and Life Satisfaction Revisited: Evidence on a Non-linear Relationship”, Ingenfeld, J., Wolbring, T. & Bless, H. J Happiness Stud (2018). https://doi.org/10.1007/s10902-018-0064-2

Simple Heuristics That Make Algorithms Smart

En ces temps où l’intelligence artificielle est sur toutes les lèvres, nous pensons souvent à cet ensemble de technique comme autant de complexes boîtes noires extrayant d’une masse importante de donnée des signaux qu’un être humain serait incapable de distinguer du bruit statistique. Cet article rappelle utilement que si cela représente bien certaines applications, comme la reconnaissance d’images, une bonne part des autres usages repose sur des heuristiques simples, probablement similaires à celles employées par les humains. La supériorité de la machine dans ces applications ne vient alors pas de la complexité du mécanisme de décision, mais de la cohérence dans le temps de son application.

Simple Heuristics That Make Algorithms Smart,” Jason Collins, Behavioral Scientist, December 12, 2018