Heurs et malheurs du confinement

Note
Observatoire du bien-ĂŞtre

Face à l’épidémie de covid-19, le gouvernement français décide de placer le pays en confinement strict du 15 mars au 11 mai 2020. Pour la plupart des Français, le confinement est arrivé de manière inattendue, imposant de s’adapter très rapidement à une situation complètement inédite, chamboulant leur vie quotidienne, familiale et professionnelle.

Les résultats de l’enquête Conditions de vie et aspirations réalisée par le Crédoc pendant le confinement, du 20 avril au 04 mai soulignent des vécus très différenciés. Les jeunes ont vécu plus difficilement la période que leurs aînés du fait de l’importance des liens sociaux dans leur constitution identitaire. Alors qu’en temps normal, les 15-24 ans sortent souvent de chez eux, notamment pour voir leurs amis, ils ont souffert de devoir y renoncer, malgré l’importance des liens sociaux dans leur constitution identitaire. Habitant souvent dans de petits espaces, ils ont vu leur vie rétrécie entre quatre murs ou ont choisi pour certains de retourner vivre dans leurs familles, ce qui n’a pas été sans provoquer quelques tensions.

Les autres foyers habitant de petits logements, en liaison avec des ressources financières limitées (le logement étant le premier poste de dépenses des Français), ont également vécu difficilement la période. En revanche, au-delà des différences d’habitat, l’effet des différences de revenus a été – temporairement – gommé pendant la période.

Chez les actifs, la découverte ou l’amplification du télétravail ont manifestement constitué une bonne surprise pour les personnes qui y ont eu accès, mais moins pour les personnes qui travaillaient habituellement à distance avant le confinement, qui se sont trouvées plus perturbées dans leurs habitudes.

Le choc de la crise de la covid-19 a été tel que la plupart des Français ont revisité le regard qu’ils portaient sur leur vie, et réévaluent plus positivement ses différentes dimensions. Enfin, pour une partie importante de la population, le confinement a été une pause bien vécue, permettant de profiter davantage de ses proches, d’une vie calme et sécurisante.

Dylan Alezra, Assistant de recherche Observatoire du Bien-ĂŞtre du Cepremap, dylan.alezra@cepremap.org

Sandra Hoibian, Directrice du pôle Évaluation et société Crédoc, hoibian@credoc.fr

Mathieu Perona, directeur exécutif de l’Observatoire du Bien-être du Cepremap, mathieu.perona@cepremap.org

Claudia Senik, Directrice scientifique de l’Observatoire du Bien-être du Cepremap Professeur à l’Université Paris-Sorbonne et à l’École d’économie de Paris, senik@pse.ens.fr

Cette note est le fruit d’une collaboration avec le CrĂ©doc. Elle est publiĂ©e simultanĂ©ment dans la collection des Notes de synthèse du CrĂ©doc : Dylan Alezra, Sandra Hoibian, Mathieu Perona, Claudia Senik, « Heurs et malheurs du confinement Â», CrĂ©doc, Note de synthèse no32, juillet 2020

Cinquante nuances de confinement

Dans notre enquĂŞte, Ă  la question : « Ă€ quel point le confinement est-il (a-t-il Ă©tĂ©) pĂ©nible Ă  vivre pour vous ? », les rĂ©pondants Ă©taient invitĂ©s Ă  se positionner sur une Ă©chelle de 0 (pas pĂ©nible du tout) Ă  10 (très pĂ©nible). Cette question fait apparaĂ®tre des expĂ©riences très diffĂ©rentes. Pour un tiers de nos rĂ©pondants, le confinement n’a pas constituĂ© une pĂ©riode pĂ©nible du tout (rĂ©ponses 0 Ă  3). Ă€ l’autre extrĂ©mitĂ©, une personne sur cinq a trouvĂ© le confinement très pĂ©nible (rĂ©ponses 8 Ă  10), une petite moitiĂ© des rĂ©pondants se situant dans une situation intermĂ©diaire.

L’expérience du confinement a mêlé à la fois chez les Français des dimensions négatives et des dimensions positives. L’inquiétude pour les proches constitue le ressenti dominant, partagé par près de trois quarts des répondants.

À cette inquiétude s’ajoute le sentiment de manque de contacts sociaux. Les formes de sociabilité qui ont le plus manqué aux répondants sont les contacts avec la famille (cités en première position par 47 % des répondants, 19 % en deuxième position) et les amis (23 % en première position, 35 % en deuxième), très loin devant les voisins ou les collègues de travail.

L’interdiction de sortir de chez soi a engendrĂ© mĂ©caniquement une perte des contacts physiques avec la famille ou les proches hors du foyer. Avant le confinement, seuls 10 % des Français voyaient très rarement leurs proches (une rencontre par mois au plus)1, et 8 % disaient Ă©prouver souvent un sentiment de solitude2. Avec le confinement, cette proportion est passĂ©e Ă  18 % de notre Ă©chantillon, soit plus qu’un doublement, et plus du quart des rĂ©pondants ont indiquĂ© s’être sentis plus seuls que d’habitude. De mĂŞme, 12 % des rĂ©pondants ont eu l’impression de ne plus avoir personne vers qui se tourner, un dĂ©sarroi fortement associĂ© avec le sentiment de solitude.

Miroir de cette coupure des contacts physiques, 80 % des Français ont dĂ» composer avec la prĂ©sence constante d’autres personnes. 11 % de l’échantillon indiquent des tensions avec leurs compagnons de confinement (un chiffre comparable celui d’autres enquĂŞtes3).

Une période difficile pour les jeunes

Soulignant la gravité du contexte épidémique, différents travaux scientifiques ont montré que le confinement avait constitué pour certains Français une période d’anxiété4, avec une multiplication des signes dépressifs durant le confinement5. On constate aussi des troubles du sommeil et des situations de détresse psychologique6. Certains publics ont été particulièrement affectés, au premier rang desquels les jeunes adultes et les ménages vivant dans les logements surpeuplés des banlieues modestes7. L’enquête Conditions de vie confirme, à travers ses indicateurs, que les écarts dans la perception du confinement sont particulièrement contrastés entre générations.

Pour les plus jeunes, le confinement a été particulièrement difficile. La tranche d’âge des 15-24 ans comporte la plus forte part de ceux qui ont trouvé le confinement très pénible (un peu moins d’un quart). Au-dessus de 25 ans, la part des personnes qui ont trouvé le confinement très pénible est stable, aux alentours d’une personne sur cinq. Cette stratification par âge a évidemment partie liée avec la superficie disponible, les personnes plus âgées disposant en moyenne de plus d’espace. Une comparaison toutes choses égales par ailleurs montre qu’à superficie identique, l’effet de l’âge sur l’opinion du confinement est très fort.

Au-delĂ  des questions de surface les jeunes sont ceux qui ont, habituellement, la sociabilitĂ© amicale et Ă  l’extĂ©rieur du domicile la plus dĂ©veloppĂ©e, dans une pĂ©riode oĂą cette sociabilitĂ© amicale est centrale dans la construction identitaire. 39 % des jeunes indiquent qu’ils se sont sentis plus seuls que d’habitude, un taux qui dĂ©croĂ®t avec l’âge et est en moyenne de 27 %. 25 % indiquent qu’ils ont eu du mal Ă  supporter les personnes avec lesquelles ils Ă©taient confinĂ©s contre 11 % en moyenne. La cohabitation n’a pas toujours Ă©tĂ© facile, d’autant que 12 % des moins de 25 ans sont repartis vivre temporairement chez un membre de leur famille (contre 3 % en moyenne). Les jeunes ont Ă©tĂ© plus nombreux Ă  rester cloĂ®trĂ©s chez eux : 39 % sont sortis moins d’une fois par semaine contre 29 % en moyenne et 44 % dĂ©clarent ainsi avoir rĂ©duit complètement les sorties du domicile contre 39 % en moyenne : Ă  quoi bon sortir lorsque toutes les activitĂ©s de loisirs et les espaces de sociabilitĂ© (Ă©coles, parcs, cafĂ©s) sont fermĂ©s et les interactions sociales prohibĂ©es ? 65 % des jeunes indiquent que les contacts avec leurs amis sont la forme de sociabilitĂ© qui leur ont le plus manquĂ© contre 53 % en moyenne.

Au-delĂ  des questions de lien social, les jeunes ont Ă©galement Ă©tĂ© touchĂ©s de plein fouet par l’arrĂŞt brutal de l’économie et en particulier la rĂ©duction des embauches, des stages et l’arrĂŞt de facto de l’économie informelle (petits jobs comme les babysittings, etc.). Plus souvent en CDD que leurs aĂ®nĂ©s, ils ont Ă©tĂ© plus nombreux (20 %) Ă  ne pas voir renouveler un contrat de travail (8 % en moyenne). Signe de ces difficultĂ©s, les 15-24 ans ont Ă©tĂ© 43 % Ă  dĂ©clarer avoir souffert de maux de tĂŞte contre 33 % en moyenne, 32 % de nervositĂ© contre 25 % en moyenne.

Conditions matĂ©rielles : le vrai luxe, c’est l’espace

Dans nos prĂ©cĂ©dents travaux, nous avons soulignĂ© Ă  quel point les revenus contribuaient en France au bien-ĂŞtre subjectif8. Pour la satisfaction dans la vie, nous avons montrĂ© que les Ă©carts de bien ĂŞtre entre niveaux de diplĂ´mes s’expliquaient quasi-intĂ©gralement par des niveaux de salaire diffĂ©rents9. La pĂ©nibilitĂ© ressentie lors du confinement est Ă©galement liĂ©e aux revenus, mais indirectement, par le truchement du logement. Les prix de l’immobilier ayant connu une hausse spectaculaire au cours des vingt dernières annĂ©es, le logement est devenu un nouveau marqueur du statut social et le premier poste de dĂ©penses des mĂ©nages10. Ainsi que le remarque l’Insee, les mĂ©nages aux niveaux de vie les plus faibles ont Ă©tĂ© plus affectĂ©s par les restrictions d’activitĂ© et ont trouvĂ© le confinement plus pĂ©nible11. Or, ce sont ceux qui logent dans les logements les plus petits. Une analyse « toutes choses Ă©gales par ailleurs Â» neutralisant diffĂ©rents effets croisĂ©s de l’âge, du revenu, du diplĂ´me, de la catĂ©gorie d’agglomĂ©ration, etc. montre ainsi que la superficie du logement est le facteur le plus dĂ©terminant dans la pĂ©nibilitĂ© ressentie du confinement. Lorsque nous comparons des mĂ©nages aux logements similaires, l’effet des diffĂ©rences de revenu devient pratiquement insignifiant. En limitant certaines consommations, le confinement a ainsi neutralisĂ© des diffĂ©rences de revenu, mais mis en Ă©vidence les Ă©carts liĂ©s Ă  la superficie de la rĂ©sidence principale.

Nous avons ainsi réparti les ménages de notre enquête en cinq quintiles suivant la superficie disponible par membre du ménage. Un cinquième des répondants ont disposé de moins de 25 m2 par personne durant le confinement, tandis que le cinquième le mieux loti disposait de plus de 63 m2 par personne12. La part des personnes qui ont trouvé le confinement peu pénible augmente clairement avec l’espace disponible, passant d’une personne sur quatre parmi les ménages les plus à l’étroit à 40 % des répondants pour les ménages disposant d’une surface entre 46 m2 et 63 m2 par personne. La proportion de personnes ayant trouvé le confinement très pénible suit une trajectoire inverse, quoique moins prononcée.

En revanche, à superficie comparable, habiter une maison ou un appartement, ou encore disposer de la présence d’un balcon ou d’un jardin, ne semble avoir joué qu’un rôle secondaire dans la pénibilité ressentie. D’autres travaux convergent pour montrer l’importance l’espace disponible13 et davantage que l’accès à un espace extérieur, l’accès à des espaces verts semble avoir été important14. Pour autant les projets de déménagement, et le rêve d’habiter en pavillon individuel, dans des espaces moins urbanisés est resté complètement stable.

ConfinĂ©s, avec qui ?

La nécessité de s’occuper des enfants, et en particulier le suivi scolaire, a largement figuré parmi les préoccupations des Français pendant le confinement. Dans l’ensemble, les ménages avec enfants ont été un peu plus nombreux à trouver la période très pénible. En miroir, les personnes seules ont plutôt mieux vécu le confinement.

À situation économique égale, par rapport aux personnes seules, les couples avec enfants ont une plus forte propension à avoir souffert du confinement, tout comme ceux qui hébergent d’autres membres de leur famille, surtout parmi les couples chez lesquels la personne répondant au sondage était en emploi au moment de l’enquête.

Ă€ quelque chose malheur est bon

Mais tout n’a pas été sombre dans cette période où l’extraordinaire est devenu la règle. Le choc de la crise de la covid-19 est tel que la plupart des Français ont revisité le regard qu’ils portaient sur leur vie, et ré-évalué plus positivement ses différentes dimensions. L’exemple du logement est frappant. Alors que chacun est contraint de rester confiné entre quatre murs, les individus se disent qu’ils ne sont, finalement, pas si mal lotis. Ainsi le taux de satisfaction par rapport au cadre de vie entourant le logement progresse (+3 pts entre janvier et avril 2020), les charges financières de logement sont jugées plus supportables (+11 pts) compte tenu du « service » rendu, et la proportion de personnes jugeant la surface de leur logement habituel « suffisante pour leur famille » gagne également +3 pts.

Sur le plan financier, les dĂ©penses « non essentielles », celles que l’on rĂ©alise pour «rester » dans le coup d’une sociĂ©tĂ© oĂą la consommation joue un rĂ´le symbolique et statutaire important, sont mĂ©caniquement freinĂ©es. Et alors que depuis quarante le sentiment de restriction liĂ© Ă  un manque de moyens financiers Ă©volue dans un couloir concernant entre 50 % et 60 % des consommateurs, le confinement marque une baisse brutale de celui-ci : 56 % des Français avaient le sentiment devoir renoncer Ă  des dĂ©penses faute d’argent en janvier, le taux chute Ă  35 % pendant le confinement soit moins 21 points.

Dans la mĂŞme veine, le sentiment de dĂ©classement marque le pas. Rappelons que la proportion de personnes se considĂ©rant « privilĂ©giĂ©es Â», « gens aisĂ©s Â» ou « classe moyenne supĂ©rieure Â» est passĂ©e de 40 % en 1999 Ă  27 % au dĂ©but 2020. Cette proportion remonte de 3 points. La tornade Ă©conomique, sanitaire est telle que l’on a davantage le sentiment d’appartenir au bon cĂ´tĂ© de l’échelle sociale. D’autres Ă©tudes montrent, dans la mĂŞme dynamique, que la part des personnes qui s’estiment en très bonne santĂ© a grimpĂ© Ă  25 % pendant le confinement, contre 19 % en 201915.

Au-delĂ  de cette réévaluation, le confinement a pu ĂŞtre apprĂ©ciĂ© pour diffĂ©rentes raisons. Si 11 % Ă©voquent des tensions avec les personnes avec lesquelles elles ont Ă©tĂ© confinĂ©es, 70 % disent avoir Ă©prouvĂ© du plaisir Ă  rester avec elles. Trois quarts de notre panel dĂ©clare aussi avoir apprĂ©ciĂ© la rĂ©duction du bruit et de la pollution liĂ©e Ă  l’arrĂŞt d’une partie de l’économie et la rĂ©duction drastique des transports. Passer du temps en famille, Ă©viter des temps de transports fatigants, profiter du calme et de la baisse des nuisances sonores, se sentir protĂ©gĂ© en restant chez soi et bĂ©nĂ©ficier de la sĂ©curitĂ© d’une protection sociale financière « garantie Â» (chĂ´mage partiel, soutien aux indĂ©pendants, etc.) a pu procurer une pause apprĂ©ciĂ©e par certains. L’enquĂŞte Conditions de vie rĂ©vèle ainsi une baisse inĂ©dite des maux psycho-sociaux suivis depuis quarante ans.

Par exemple, la proportion de personnes indiquant avoir souffert de maux de dos au cours des quatre dernières semaines a chuté de 13 points entre janvier et avril 2020, celle des personnes déclarant avoir souffert de maux de tête de 7 points. Le cocon du domicile a pu ainsi rassurer au niveau sanitaire par rapport aux risques de contamination, mais également possiblement au niveau professionnel (stress, risque de perte d’emploi), ou sociétal (accidents de voiture, vols, agressions dans la rue qui, avec le confinement, ont chuté brutalement).

L’écart ressenti par des personnes en situation de vulnérabilité (décrocheurs scolaires, chômeurs, personnes à mobilité réduite, …) s’est aussi- temporairement – réduit sous l’effet de la mise à l’arrêt de la société. Au total, plus de la moitié des personnes interrogées considèrent que le confinement a été une occasion de découvrir une autre manière de vivre.

Le bouleversement du travail

Parmi les changements massifs, le confinement a représenté un bouleversement de la vie professionnelle des personnes en emploi. Comme d’autres études, nous observons trois grandes situations d’importance semblable16. Un gros tiers des personnes en emploi avant le confinement a continué de se rendre sur son lieu de travail habituel. Les adaptations nécessaires au travail lui-même ainsi que l’inquiétude quant au risque d’être contaminé sur le lieu de travail expliquent sans doute que ces travailleurs aient été un peu plus nombreux que la moyenne à trouver la situation très pénible.

Un autre tiers des personnes en emploi a arrĂŞtĂ© de travailler. Parmi ces 33 % de personnes en arrĂŞt de travail, 22 % le sont en raison d’un chĂ´mage partiel, et 11 % pour s’occuper de leurs enfants. Le ressenti de ces personnes quant Ă  la pĂ©nibilitĂ© du confinement correspond au ressenti moyen de la population dans son ensemble. Le dernier tiers de l’ensemble est formĂ© par les personnes qui ont travaillĂ© Ă  distance, et c’est au sein de ce groupe que nous observons les plus forts contrastes. Les personnes qui ne tĂ©lĂ©travaillaient pas avant le confinement et qui ont dĂ©couvert ce mode d’activitĂ© – un peu plus de la moitiĂ© des travailleurs Ă  distance, sont plus nombreux Ă  l’avoir trouvĂ© peu pĂ©nible. Le constat est similaire pour celles et ceux qui connaissaient dĂ©jĂ  un tĂ©lĂ©travail partiel, qui est devenu le mode de travail quotidien. Pour ces groupes, le passage au tĂ©lĂ©travail a reprĂ©sentĂ© un facteur positif, amĂ©liorant très significativement leur expĂ©rience du confinement par rapport au reste de la population. Cette amĂ©lioration est d’autant plus notable qu’il ne s’agissait pas lĂ  d’une situation normale de tĂ©lĂ©travail : il a souvent fallu composer avec la prĂ©sence inhabituelle des enfants et d’un conjoint pouvant lui aussi tĂ©lĂ©travailler et avec des outils informatiques qui n’étaient pas prĂ©vus pour un basculement complet en travail Ă  distance. Notons que ce ressenti a Ă©tĂ© ponctuel et pourrait ne pas ĂŞtre le mĂŞme Ă  long terme, notamment en lien avec les risques psychosociaux liĂ©s Ă  un possible affadissement du collectif.

Ă€ l’inverse, les personnes qui tĂ©lĂ©travaillaient dĂ©jĂ  avant le confinement ont plus mal vĂ©cu cette pĂ©riode. Il s’agit pour partie d’un effet d’âge. Mais au-delĂ , habituĂ©s Ă  une situation de tĂ©lĂ©travail seuls dans leur domicile, sans prĂ©sence de tiers, leur quotidien a Ă©tĂ© bouleversĂ© : partage des outils numĂ©riques, des espaces communs, prĂ©sence des enfants inhabituelle, et ils ont possiblement Ă©tĂ© plus sensibles Ă  la fermeture des lieux de sociabilitĂ©s que les autres tĂ©lĂ©travailleurs.

À propos de l’enquête

Cette note a Ă©tĂ© Ă©laborĂ©e Ă  partir de l’enquĂŞte annuelle Conditions de vie et aspirations, dispositif existant depuis 1978. L’enquĂŞte a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e en ligne auprès d’un Ă©chantillon reprĂ©sentatif de la population âgĂ©e de 15 ans et plus, rĂ©sidente en France mĂ©tropolitaine, en Corse et dans les DOM. L’échantillon est structurĂ© de la façon suivante : Grande rĂ©gion (12 modalitĂ©s), Sexe, Age (5 modalitĂ©s), Profession – catĂ©gorie sociale (8 modalitĂ©s), Taille d’agglomĂ©ration (9 modalitĂ©s), Type de logement (individuel ou collectif). Les quotas sont dĂ©terminĂ©s Ă  partir des donnĂ©es du recensement de la population le plus rĂ©cent, redressĂ©es par les derniers rĂ©sultats disponibles de l’enquĂŞte Emploi et du bilan dĂ©mographique de l’Insee.

Une vague a été menée, en janvier 2020. À celle-ci a été ajoutée une vague exceptionnelle, dite « flash » a menée du 20 avril au 4 mai, 3 semaines après le début du confinement, et 8 jours avant le début du déconfinement, dans laquelle l’Observatoire du bien-être du Cepremap a inséré des questions spécifiques.

Bibliographie

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  1. Gleizes, François, SĂ©bastien Grobon, et StĂ©phane Legleye. « 3 % des individus isolĂ©s de leur famille et de leur entourage : un cumul de difficultĂ©s socioĂ©conomiques et de mal-ĂŞtre Â». INSEE Première, no 1770 (septembre 2019).
  2. Beasley, Elizabeth, et Mathieu Perona. « Dimensions de la solitude en France Â». Note de l’Observatoire du Bien-ĂŞtre du CEPREMAP, no 2020‑01 (6 janvier 2020).
  3. Lambert, Anne, Joanie Cayouette-Remblière, Élie GuĂ©raut, Catherine Bonvalet, Violaine Girard, Guillaume Le Roux, et Laetitia Langlois. « Logement, travail, voisinage et conditions de vie : ce que le confinement a changĂ© pour les Français Â». Note de synthèse COCONEL. Paris: INED, mai 2020.
  4. GandrĂ©, Coralie, Magali Coldefy, et Thierry Rochereau. « Les inĂ©galitĂ©s face au risque de dĂ©tresse psychologique pendant le confinement Â». Questions d’économie de la santĂ©, no 249 (juin 2020).
  5. Brouard, Sylvain, et Pavlos Vassilopoulos. « Les effets sanitaires invisibles Â». Note Attitudes on COVID-19 – A comparative study, SciencesPo CEVIPOF, no 5 (avril 2020).
  6. Consortium COCONEL. « Confinement – Impact santĂ© mentale Â». COronavirus et CONfinement : EnquĂŞte Longitudinale, Note de synthèse, Vague 2 (avril 2020).
  7. Consortium COCONEL. « Confinement – Conditions de vie Â». COronavirus et CONfinement : EnquĂŞte Longitudinale, Note de synthèse, Vague 1 (avril 2020).
  8. Algan, Yann, Elizabeth Beasley, Claudia Senik, Amory Gethin, Thanasak Jenmana, et Mathieu Perona. Les Français, le bonheur et l’argent. Opuscules du CEPREMAP 46. Paris, France : Éditions rue d’Ulm/Presses de l’École normale supĂ©rieure, 2018.
  9. Beasley, Elizabeth, Mathieu Perona, et Madeleine PĂ©ron. « DiplĂ´me, revenus et confiance Â». Note de l’Observatoire du Bien-ĂŞtre du CEPREMAP, no 2018‑06 (5 novembre 2018).
  10. Babès, MĂ©lanie, RĂ©gis Bigot, et Sandra Hoibian. « Les dommages collatĂ©raux de la crise du logement sur les conditions de vie de la population Â». Cahier de recherche du CrĂ©doc, no 281 (dĂ©cembre 2011).
  11. Le niveau de vie est calculé comme le revenu disponible du ménage, divisé le nombre d’unités de consommation du ménage (1 pour le premier adulte, 0,5 pour les autres personnes de plus que 14 ans, 0,3 pour les moins de 14 ans). Cela permet de mieux rendre comparer des ménages de revenus équivalents mais de composition différente.
  12. Il s’agit ici essentiellement de la résidence principale. Dans notre échantillon, seuls 4 % des répondants étaient confinés ailleurs que dans leur domicile habituel.
  13. Safi, Mirna, Philippe Coulangeon, Olivier Godechot, Emanuele Ferragina, Emily Helmeid, Stefan Pauly, Ettore Recchi, Nicolas Sauger, et Jen Schradie. « La vie entre quatre murs : travail et sociabilitĂ© en temps de confinement Â». Zenodo, 22 mai 2020.
  14. Recchi, Ettore, Emanuele Ferragina, Emily Helmeid, Stephan Pauly, Mirna Safi, Nicolas Sauger, et Jen Schradie. « Confinement pour tous, Ă©preuve pour certains Les rĂ©sultats de la première vague d’enquĂŞte du projet CoCo Â». Zenodo, 20 avril 2020.
  15. Ferragina, Emanuele, Carlo Barone, Emily Helmeid, Stefan Pauly, Ettore Recchi, Mirna Safi, Nicolas Sauger, et Jen Schradie. « Dans l’œil du cyclone. La sociĂ©tĂ© française après un mois de confinement Â». Zenodo, 4 mai 2020.
  16. Brouard, Sylvain. « Les Effets du coronavirus sur l’emploi et ses caractĂ©ristiques en France Â». Note Attitudes on COVID-19 – A comparative study, SciencesPo CEVIPOF, no 1 (avril 2020) : 4.