LES COMPOSANTES RÉELLE ET FINANCIÈRE DE LA RENTABILITÉ (USA 1948-2000)

La mesure traditionnelle du taux de profit des sociétés nonfinancières, comme le rapport des profits après-taxes mais indépendamment du paiement des intérêts, fait apparaître le profile bien connu, en trois phases: (1) la montée dans la bosse des années 1960; (2) la baisse jusqu'en 1982; (3) la remontée au cours des années 1980 et 1990. La diminution du poids de l'imposition a eu un effet contretendanciel important. La prise en compte des relations financières (le paiement des intérêts, les revenus financiers, les plus-values sur les capitaux et la dévalorisation des dettes par l'inflation) modifie sensiblement ce mouvement. Des taux de profit comparativement hauts ont été maintenus au cours des années 1970 du fait du transfert des prêteurs vers les emprunteurs, qui résultèrent de la coexistence de l'inflation et de taux d'intérêt faibles. Mais cette situation fut renversée dans les années 1880 et 1990, malgré la forte réduction de l'endettement. On calcule un taux de profit du secteur financier, dont la valeur apparaît proche de celle du taux de profit des sociétés nonfinancières. Ce taux a diminué jusqu'au début des années 1980, puis fortement augmenté. Les deux taux de profit tendent à graviter autour d'une valeur commune, mais les politiques économiques ont un impact important: le taux de profit du secteur financier est demeuré relativement faible au cours du traitement keynésien de la crise pendant les années 1970 et a fait un bond en avant au cours des décennies néolibérales.

THE REAL AND FINANCIAL COMPONENTS OF PROFITABILITY (USA 1948-2000)

The traditional measure of the profit rate of nonfinancial corporations, as the ratio of profits after tax but prior to the payment of net interest, and tangible assets, reveals the familiar pattern in three phases: (1) the rise into the 1960s bulge; (2) the decline to 1982; (3) the recovery during the 1980s and 1990s. The alleviation of taxes had a strong countertendencial effect. Financial relations (payment of interest, financial incomes and capital gains, depreciation of the debt by inflation, the consideration of net worth instead of tangible assets as a measure of capital) significantly modify this profile. Comparatively large profit rates are maintained during the 1970s, as a result of the transfer from lenders to borrowers due to the combination of inflation and low interest rates. This situation is reversed during the 1980s and 1990s, despite the sharp reduction of indebtedness. A profit rate is computed for the financial sector. Its value is close to that of nonfinancial corporations. It declined up to the early 1980s, and then sharply recovered. The two profit rates tend to gravitate around a common value, but there is an important "policy" component: The profit rate of the financial sector remained comparatively lower during the Keynesian treatment of the crisis in the 1970s, and soared during the neoliberal decades.


G. Duménil, D. Lévy, "The Real and Financial Components of Profitability (USA 1948-2000)", 2004, Review of Radical Political Economy, Vol. 36, pp. 82-110.
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