COÛTS ET AVANTAGES DU NÉOLIBÉRALISME. UNE ANALYSE DE CLASSE

Le néolibéralisme est l'expression idéologique du retour d'une fraction des classes dominantes, la finance, à l'hégémonie. On ne peut saisir la logique de ce mouvement qu'en le replaçant dans sa dynamique historique. La finance moderne, liée au système productif, apparut dans le sillage de la crise structurelle de la fin du XIXème. Elle dut abandonner sa domination incontestée dans le compromis keynésien provoqué par la succession de la crise de 1929 et de la Seconde Guerre mondiale. Sa remontée au pouvoir s'est opérée à la suite de la crise commencée dans les années 1970. Le caractère de classe du néolibéralisme est inscrit, très crûment, dans les chiffres: prolongation de la faiblesse du taux de profit des entreprises non financières, donc de la croissance lente et du chômage, déficits et endettement des États, crise de la dette des pays de la périphérie, etc. Mais le bénéfice que la finance tira de son hégémonie retrouvée n'est pas suffisamment dénoncé: hausse formidable de son revenu et explosion du secteur financier, seulement différées aux États-Unis du fait de la crise des institutions bancaires et d'épargne pendant les années 1980. Ce n'est pas que la finance s'organisât pour souffrir le moins possible de la crise, mais qu'elle en tira un profit difficilement imaginable, soit pendant la crise, comme en France, ou après, comme dans le secteur financier américain. Sans négliger la misère des chômeurs, des exclus et des pays de la périphérie, l'instabilité systémique dont la nouvelle hégémonie de la finance est responsable, pourrait s'affirmer comme son principal coût.

COSTS AND BENEFITS OF NEOLIBERALISM. A CLASS ANALYSIS

Neoliberalism is the ideological expression of the return to hegemony of the financial fraction of ruling classes. The meaning of this movement can only be understood from a historical perspective. Modern finance, linked to the real economy, appeared in the wake of the structural crisis of the late 19th century. It lost its unrivalled domination, when the Keynesian compromise was ushered in by the succession of the great depression and World War II. Its return to power followed the crisis that began in the 1970s. The class character of neoliberalism is evident from an examination of the available figures. It prolonged the deficient profit rates of nonfinancial corporations and, thus, slow growth and unemployment. It was responsible for the deficits and the growing indebtedness of the states, as well as for the crisis of the debt of third-world countries, etc. But not enough attention has been paid to the benefits that finance gleaned from its return to hegemony during the crisis: the stunning rise of the profits and growth of the financial sector, only delayed in the US by the banking and thrift crises of the 1980s. It is not that finance organized to minimize its own costs during the crisis. It actually benefited from the crisis in amazing proportions, already during the crisis as in France, or after as in the US financial sector. One should not underestimate the sufferings of the unemployed and homeless, or of third-world countries. But perhaps the biggest cost stemming from the rise of finance is the increase in the domestic and international instability.


G. Duménil, D. Lévy, "Coûts et avantages du néolibéralisme. Une analyse de classe", 2001, Documents pour l'enseignement économique et social, Vol. 126, pp. 15-30.
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