VIEILLES THÉORIES ET NOUVEAU CAPITALISME: ACTUALITÉ D'UNE ÉCONOMIE MARXISTE

Malgré la prolongation du chômage, la crise structurelle dans laquelle sont entrés les pays capitalistes développés depuis les années 1970 semble toucher à son terme. La remontée du taux de profit depuis le milieu des années 1980 signale l'entrée dans une nouvelle phase. Simultanément, s'est affirmé un nouveau pouvoir financier dans le néolibéralisme et la mondialisation néolibérale. Ces évolutions ne font que rendre plus évidente la nécessité de la référence aux outils que Marx nous a légués dans Le Capital. La centralité du taux de profit, l'analyse de ses mouvements et de ses conséquences, est un premier élément. Vient s'y combiner une conception bien particulière de la relation entre les mécanismes financiers et nonfinanciers, fondée sur la création de la plus-value dans le secteur nonfinancier. A ces deux composantes, s'articulent les théories de la valeur (la distinction entre travaux de production, seuls dits productifs, et de maximisation du taux de profit) et du capital, l'analyse de la concurrence (la gravitation des taux de profit des branches autour d'un même taux en dépit de l'hétérogénéité des firmes) et de la concentration, les études des crises structurelles, du cycle conjoncturel (surchauffes et récessions), de l'accumulation et du chômage (la loi de l'accumulation capitaliste et l'armée industrielle de réserve), etc. Ces divers éléments ne prennent tout leur sens que replacés dans le cadre plus général des structures de classes (de la croissance numérique des cadres et employés), des luttes de classe (dominants-dominés, entre fraction des classes dominantes) et des mutations des rapports de production (dans le capitalisme et, peut-être, au-delà). Dans tous les cas, cet effort de réappropriation des outils débouche sur la nécessité de leur perfectionnement.

OLD THEORIES AND NEW CAPITALISM: THE RELEVANCE OF MARXIAN ECONOMICS

Despite continuing unemployment in Europe, the structural crisis in the advanced capitalist countries which began in the 1970s seems to have been superseded. The upward trend of the profit since the mid-1980s signals a new phase of capitalism. Simultaneously, economic and political domination of financial interests is being expressed in neoliberalism and neoliberal globalization. These developments make the conceptual tools introduced by Marx in Capital even more relevant. The central position of the profit rate and the consequences of its variations is a first element introduced by Marx which is of particular importance. In addition, Marx's analysis of the relationship between financial and nonfinancial mechanisms, based on the contention that surplus-value is created within the nonfinancial sector is similarly important. These two components are, in turn, related to the theory of value (the separation between production labor, denoted productive, and labor devoted to the maximizing of the profit rate), the theory of capital, the analysis of competitive mechanisms (the gravitation of the profit rates of the various industries around a same value, despite interfirm hetoregeneity), accumulation and unemployment (the law of the capitalist accumulation and the reserve army of labor), etc. The actual meaning of these various components only becomes apparent when they are considered within the broader framework of class patterns (of the numerical growth of managerial and clerical personnel), of class struggle (dominant-dominated, between the various fractions of ruling classes), and of the transformation of production relations (within capitalism and, perhaps, beyond capitalism). Without exception efforts to breath new life into these tools cannot be separated from the necessity of their development.


G. Duménil, D. Lévy, "Vieilles théories et nouveau capitalisme: actualité d'une économie marxiste, pp. 97-119", 2001, in J. Bidet, E. Kouvélakis, Dictionnaire Marx contemporain, Presses Universitaires de France : Paris.
Version préliminaire / Preliminary version

Fichier PDF /PDF File ( 210 Ko)

 

Fermer / Close