LE COUP DE 1979 - LE CHOC DE 2000

De manière simplificatrice, on peut dater l'émergence du néolibéralisme au coup de 1979: la décision de la Réserve Fédérale d'augmenter les taux d'intérêt à des niveaux sans précédents depuis la Seconde Guerre mondiale. Les propriétaires capitalistes et leurs institutions financières rétablissaient ainsi leur position et revenus amoindris depuis la crise de 1929 et surtout depuis la crise des années 1970, alors que se définissait un nouveau cours du capitalisme (contrôle du coût salarial, gouvernement d'entreprise visant à la rémunération des propriétaires, drainage des ressources de la périphérie...). Cette transformation avait été préparée par les changements faisant suite à la crise du dollar (flottement des monnaies et mobilité des capitaux). Il fut permis par les conditions économiques défavorables de la crise structurelle des années 1970. Ce fut cependant un coup politique, qu'il faut analyser en termes de pouvoir et de lutte de classes, scellant la dissolution du compromis keynésien, que nous proposons d'appeler compromis cadriste du fait du rôle central qu'y jouèrent les cadres, et débouchant sur l'ordre néolibéral. On voit cependant se profiler nombre de contradictions que révèle le choc de 2000 (l'entrée en récession des États-Unis et la chute des bourses): notamment l'incapacité du néolibéralisme à assurer une croissance soutenue hors des États-Unis et la violence des crises de la périphérie... Les classes moyennes qui furent associées à la prospérité boursière voient maintenant leurs rêves s'effondrer. Quelle que soit la violence de la transition, nous pronostiquons un changement de cours du néolibéralisme, voire son dépassement.

THE 1979 COUP - THE 2000 SHOCK

Somewhat simplifying, the assertion of neoliberalism can be dated to the 1979 coup: the decision by the Federal Reserve to increase interest rates to unprecedented levels since World War II. Thus, capitalist owners and their financial institutions restored their position and incomes, diminished since the Great Depression, and, to an even larger extent, since the crisis of the 1970s. Thus, a new course of capitalism was established (control of the wage cost, government of enterprise targeted to the remuneration of oweners, tapping of resources from the periphery...). This transformation had been prepared by the changes following the crisis of the dollar (floating rates of exchanges and free mobility of capitals). It was permitted by the unfavorables economic conditions of the structural crisis of the 1970s. It was actually a political coup, that must be analyzed in terms of power relationships and class struggle. It meant the dissolution of the Keynesian compromise, that we suggest to call the managerial compromise, in relation to the crucial played by managers, introducing to the new neoliberal order. Several contradictions are, however, manifest, as shown by the 2000 shock (the assertion of the recession in the US and the fall of the stock market): in particular the failure of neoliberalism to ensure sufficient growth rates outside of the US and the violent crises in the periphery... Le dreams of middle classes, which shared a fraction of the stock-market prosperity, are now destroyed. Independently of the actual degree of violence of the transition, one may expect a new phase of neoliberalism or, perhaps, its superseding.


G. Duménil, D. Lévy, "Le coup de 1979 - le choc de 2000", 2003, EconomiX, PSE : Une version abrégée de cet article est publiée dans Les cahiers de Critique Communiste.

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